C’est une question réfléchie et profonde qui touche à la fois à la nature de Dieu et au sens de l’expérience humaine. Décomposons-la.
📜 Les Deux Déclarations :
- « Dieu vit tout ce qu’il avait fait ; et voici, cela était très bon. » – Genèse 1.31
- « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. » – Genèse 2.18
À première vue, cela semble contradictoire : comment tout peut-il être « très bon » si quelque chose est « pas bon » ?
Mais ces déclarations ne sont pas en conflit — elles révèlent quelque chose de plus profond sur le processus intentionnel de Dieu, le dessein des relations humaines et le rôle de la révélation narrative.
🧠 1. Dieu n’a pas été surpris
Dieu n’a pas « découvert » qu’il n’était pas bon que l’homme soit seul. En tant que Créateur omniscient, Il le savait déjà. Cette déclaration ne parle pas d’un apprentissage de Dieu, mais d’un enseignement de Dieu.
C’est un moment pédagogique : Dieu révèle quelque chose à nous — et à Adam — sur ce que signifie être humain.
🌱 2. La Création était « très bonne »… mais pas encore complète dans l’expérience
Genèse 1 donne une vue d’ensemble (vue macro) de la création, et à la fin du sixième jour, Dieu qualifie l’ensemble de la création de « très bonne » — ce qui signifie qu’elle est parfaitement conçue, pleine de but, et en harmonie avec Sa volonté.
Genèse 2 donne un récit détaillé (vue micro) de la création de l’humanité, montrant que :
- L’homme a été créé en premier.
- Dieu a permis à Adam d’expérimenter la solitude.
- Adam a nommé les animaux et a réalisé qu’aucun n’était comme lui.
- Ce n’est qu’alors que Dieu a créé la femme.
Le « pas bon » n’est pas un défaut — c’est une mise en scène pour un accomplissement relationnel. Dieu laisse Adam ressentir l’absence afin qu’il puisse chérir plus profondément le don de la femme.
❤️ 3. « Pas bon » nous enseigne notre besoin des autres
En déclarant « Il n’est pas bon que l’homme soit seul », Dieu fait une affirmation théologique et anthropologique :
- Nous sommes faits pour la relation — avec Dieu et avec les autres.
- La solitude n’est pas le dessein de Dieu pour l’épanouissement.
- Même au paradis, la compagnie humaine était essentielle.
Le paradis d’Éden n’était pas complet jusqu’à ce que l’amour, la communauté et l’aide mutuelle existent entre les êtres humains.
✝️ 4. Une préfiguration de la Relation Suprême
À un niveau plus profond, cela prépare la compréhension de :
- L’importance de la communauté dans l’Église (corps de Christ).
- L’image divine exprimée dans la pluralité (« Faisons l’homme… » – Genèse 1.26).
- Notre besoin d’union — non seulement avec les autres, mais ultimement avec Dieu Lui-même.
🪞Résumé :
Dieu a dit « Il n’est pas bon que l’homme soit seul » non pas parce qu’Il l’ignorait ou qu’Il changeait d’avis, mais parce que :
- Il invitait Adam (et nous) à prendre conscience de la nature relationnelle de l’humanité.
- Il révélait progressivement Son dessein — laissant Adam ressentir le besoin avant d’y répondre.
- Il enseignait que la création est très bonne non dans une perfection statique, mais dans une relation dynamique.
Ce n’est pas une contradiction — c’est une belle composante de la structure narrative de la Genèse, qui met en lumière notre dépendance, notre besoin des autres et notre accomplissement ultime dans la relation.